30 octobre 2016

Retournement de situation

Après plusieurs longs mois de patience, nous avons enfin réussi à obtenir l’adoption de Baptiste, un petit garçon de cinq ans ayant perdu ses parents dans un accident de voiture. Mon mari et moi savions pertinemment que cela allait être difficile pour lui de commencer une nouvelle vie avec des inconnus. Mais nous nous y étions préparés. Il était certain que nous n’allions pas faire de cet enfant une personne heureuse du jour au lendemain, mais nous savions que nous y arriverions et ça peu importe le temps que ça prendrait. 

Le jour de ses six ans, je venais d'apprendre une merveilleuse nouvelle. J’étais enceinte d’un peu plus de dix semaines environ. Cette nouvelle nous l’attendions depuis quelques temps, à vrai dire. Alors je ne vous cache pas la réaction que nous avons eue face à cette dernière. Bien sûr, mon mari et moi avons tout fait pour que notre bonheur soit partagé avec Baptiste. Cette journée a été magnifique. Pour la première fois, il semblait réellement passer du bon temps à nos côtés. Nous l’avons même entendu rire avec nous. 

Avant d’aller me coucher ce jour-là, mon mari contemplait les nombreuses photos de notre fille. Cela faisait plus de quatre ans qu’elle avait été signalée comme étant portée disparue. C’était très dur et ça l’est parfois encore aujourd’hui, car les recherches n’ont rien donné. Je lui ai suggéré de ranger ces photos en lui disant que ça ne servait à rien de se faire du mal, surtout après avoir passé une si belle journée. 

Le lendemain matin, j’ai décidé d’emmener Baptiste, accompagné de son cadeau d’anniversaire qui n’était autre qu’un mignon petit labrador, faire une balade. J’ai fait en sorte de choisir un endroit qu’il ne connaissait pas encore au lieu de l’emmener au parc comme on avait l’habitude de faire. Et ça a été le cas. Il s’agissait là d’un vaste endroit naturel où nous pouvions être tranquilles. J’ai pensé que, peut-être, ça lui plairait et surtout que ça lui permettrait de se lâcher un peu. Il était toujours très calme, mais paraissait tout de même ravi de découvrir ces lieux. De plus, j’ai finalement réussi à décrocher un sourire de sa part sur le chemin longeant les bois. 

Tout à coup, il s’est mis à courir droit dans la forêt tout en m’invitant à le suivre. Il est soudainement devenu excité et me disait qu’il fallait absolument que je vienne avec lui. J’étais surprise de son attitude qui avait, d’une seconde à l’autre, changé. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Je lui disais tout de même de ralentir, en haussant peu à peu le ton car je n’arrivais presque plus à suivre le mouvement et je ne voulais en aucun cas le perdre à son tour, lorsqu’il s’est arrêté net dans une zone entourée d’arbres. Il s’est retourné vers moi et m’a dit en me regardant d’un air tellement joyeux, comme s’il venait subitement de changer de personnalité : « C’est ici que j’ai été enterré Maman ! » 

C'est la première fois qu'il m'appelait comme ça. Il s’est ensuite accroupi au milieu et s’est mis à creuser avec enthousiasme. Au moment où ce qui me semblait être le reste d’un squelette dépassait de la terre, je l’ai brusquement stoppé dans son action en l’attrapant par le bras, ce qui l'a déboussolé un moment au point de retrouver son état normal. 

Après avoir contacté les autorités, ils ont effectivement découvert un squelette encore entier d’un corps humain. Après plusieurs jours d’analyse, ils ont confirmé qu’il s’agissait de ma fille disparue depuis plus de quatre ans. 

29 octobre 2016

Ciel noir

Bonjour, aujourd’hui je vais vous partager l’histoire que j’ai vécue récemment avec ma femme lors d’un camping sauvage dans le département de Haute-Savoie, non loin de la montagne de Semnoz, en France. J’ai rédigé le plus soigneusement possible ce témoignage en y inscrivant un maximum de détails sur le lieu et la situation dans lesquels nous nous trouvions.

Il faut savoir que nous sommes des personnes saines de corps et d’esprit. Nous ne touchons à aucune drogue illicite et nous ne consommons de l’alcool qu’en des occasions très spéciales. Je ne peux en rien vous le prouver malheureusement, mais je vous demanderais juste de me faire confiance sur ce point durant la lecture de ce qui va suivre.



C'était le samedi 30 juillet 2016 lorsque nous nous sommes rendus en plein cœur des poumons verts d’Annecy pour une journée et une nuit de camping sauvage. Ce n’était d'ailleurs pas la première fois que nous en faisions.



À notre arrivée, nous avons abandonné la voiture pour nous enfoncer à pieds dans l’immense forêt de sapins. Nous avons dû marcher plus d’une heure et demie avant de trouver l’emplacement parfait pour la nuit. Nous avions pris le temps de nous installer confortablement dans la zone avant de nous offrir un joli pique-nique non loin d’une rivière. Nous sommes restés pratiquement toute l’après-midi à explorer les environs sans pour autant trop nous éloigner de la tente. À la tombée de la nuit, nous nous sommes réfugiés à l’intérieur. Le vent devenait plus présent à chaque minute, provoquant l’agitation répétée de ces gigantesques sapins encerclant notre si petite tente. Ce doux son de la nature qui nous offrait au départ un sentiment de plaisir et de relaxation, s'était quelque peu métamorphosé en une sensation, non pas angoissante, mais dérangeante dans le sens où la nuit allez être plus mouvementée que ce que la météo avait prévu.

Mais il était hors de question d'en finir là avec cette soirée juste à cause du temps subitement devenu capricieux. J’ai d’ailleurs profité de cet instant pour inventer des histoires peu rassurantes afin d’effrayer ma femme, même si, visiblement, cela semblait très clairement l’amuser plus qu’autre chose. Par la suite, nous nous sommes raconté nos meilleurs souvenirs, accompagnés des musiques nous les remémorant. Elle était heureuse, et moi aussi. Deux heures étaient déjà passées quand la fatigue a commencé à se faire sentir. Je le voyais dans ses yeux et elle le voyait dans les miens. Nous n’avons donc pas tourné autour du pot pour nous glisser dans notre duvet.


Il était plus de trois heures du matin lorsque ma femme m’a réveillé. Vous vous doutez donc que c’est à partir de là que les choses ont commencé à devenir inquiétantes pour nous. Au début, je pensais naïvement qu’elle bougeait comme toujours durant son sommeil mais, je me suis vite rendu compte du contraire lorsqu’elle a prononcé à plusieurs reprises mon prénom à mon oreille. D’une voix lente et difficilement compréhensible en raison de la fatigue encore présente, je lui ai naturellement demandé ce qui se passait. Agitée, elle m'a expliqué qu’au début elle avait été réveillée par un étrange bruit parasite, puis, quand il s'est subitement arrêté, elle avait entendu des choses rôder près du campement. Voulant absolument regagner mon sommeil le plus rapidement possible, j’ai tenté de la rassurer en lui disant qu’il s’agissait sans doute d’un animal tout en lui rappelant que nous étions en plein milieu d’une forêt. J’ai rajouté en lui coupant la parole, que le temps ayant empiré, cela pouvait aussi être les bruissements de la végétation que peut-être son cerveau percevait comme quelque chose de vivant se déplaçant aux alentours. C’est exactement ce que je lui ai dit. C’était sans doute complètement absurde mais ce baratin avait suffi pour la calmer. C’était le principal pour moi à cette heure tardive.


Cependant, j'ai été moi aussi pris d'une montée soudaine d’adrénaline quand différents craquements facilement identifiables comme des pas se sont fait entendre. Je priais dans ma tête pour que ce soit une simple bestiole. Peut-être que l'effet de surprise me focalisait sur les pires scénarios possibles, mais c’était très stressant. Les bruits continuaient, puis s’arrêtaient, puis recommençaient. Cela se répétait sans cesse. De plus, la chose errait très distinctement et de manière totalement aléatoire à quelques mètres à peine de notre position. Il devait certainement y en avoir une dizaine sans exagérer vu le vacarme que cela provoquait.


Puis, ils se sont arrêtés. L’une de ces bêtes ou je ne sais quoi s’est approchée de l’entrée de la tente. J’avais juste à ouvrir pour découvrir ce que c’était. Mais c’était impossible. La peur m’empêchait de faire quoi que ce soit. Et comme si ce n’était pas suffisant, une de ces choses ou devrais-je maintenant dire, un de ces individus, a appuyé ce qui me paraissait être sa main contre la tente pour ensuite la balader jusqu’à la fermeture. On pouvait entendre la forte respiration que faisait la personne de l’autre côté.

« Quand est-ce que ça va s’arrêter ? » me suis-je dit à moi-même en serrant ma femme dans mes bras.  C’est alors qu’il a commencé à ouvrir délicatement la tente.
« Laissez-nous tranquille ! » ai-je hurlé en espérant que ça fonctionne. Après un court instant chargé d’appréhension et, pour le coup, très angoissant, les individus se sont éloignés jusqu’à laisser place à nouveau au bruit du vent. Profitant de la situation pour refermer la tente, en l’espace d’une ou deux secondes, j’ai remarqué à l’ouverture que ces personnes marchaient très rapidement dans tous les sens en effectuant des gestes incohérents. Ces silhouettes noires produisaient aussi des sons inaudibles. Des sons complètement inconnus je dirais, mais l’intonation ressemblait vaguement à une personne ivre morte tentant de fredonner une sorte de mélopée. C’est compliqué à expliquer.

Nous sommes restés un long moment silencieux. Les mains de ma femme me broyaient presque l’avant-bras. J'ai pris une grande respiration pour ensuite évacuer toute cette terreur en moi. Juste après, un rire nerveux s'est échappé de ma gorge. Ma femme, elle, se frottait maintenant le visage en cherchant des yeux la bouteille d'eau. Enfin, quelques mots sont sortis de sa bouche : « Putain de merde… Je veux rentrer. » J’ai répliqué aussitôt avec un ton ironique que j’aurais finalement préféré un weekend chez ses parents. J’avais réussi à légèrement détendre l’atmosphère. J’ai quand même suggéré d’attendre un peu afin d’être sûr que ces tarés s'étaient barrés.


Cigarettes en bouche, nous sommes sortis de la tente en rangeant nos affaires dans les sacs. Je ne pouvais pas m’empêcher de sursauter à chaque bruit que la nature engendrait. Pour ne rien vous cacher, je tremblais dès que j’avais le dos tourné à la forêt. Je râlais à chaque fois que je n’arrivais pas à rentrer quelque chose dans un sac. L’anxiété me rendait tellement maladroit. Je voyais très bien que ma femme ne voulait pas perdre une seconde. Elle était silencieuse mais dans ses faits et gestes, je n’y voyais que de la frayeur.


« C’était sûrement des jeunes complètement drogués » ai-je dit, en me rendant compte immédiatement après que j’aurais dû la fermer. Elle est restée silencieuse. Quel idiot. Comment avais-je pu penser que cela allait la rassurer ? J’étais furieux à l’idée que ce weekend se terminerait là-dessus, mais, cette fois-ci, je suis resté plongé dans mes pensées sans rien dire.


Enfin, il n'est plus resté que la tente à ranger. Ma femme s'est rallumée une cigarette tandis que je réfléchissais à comment m’y prendre pour ne pas avoir de difficultés à plier cet abri. Cette situation commençait de plus en plus à m’énerver mais je faisais tout pour ne pas le montrer. Et, ce vent brutal m’empêchant de me concentrer, me déboussolait davantage. Pourtant, le ciel était entièrement dégagé. Il n’y avait aucun nuage, aucune étoile et étrangement, aucune lumière provenant de la lune. En fait, le ciel était juste noir. J’ai soupiré et secoué la tête en haussant les sourcils pour exprimer ma confusion.


Pour vous dire, je n’avais pas vraiment la tête à chercher une explication à ce moment-là. Après plusieurs essais pour ranger cette fichue tente, j’ai inconsciemment dit à ma femme : « Fait chier ! Surtout ne viens pas m’aider ! » Ce qui l’énerva à son tour, sans grande surprise. A ce moment précis, j’avais juste envie de tout balancer et de partir de cet endroit le plus vite possible. Au lieu de ça, j’ai retiré mes mains de la tente, ce qui l'a remise aussitôt dans sa position de départ, et je me suis assis sur mon sac en m’allumant une seconde cigarette.


C’est alors que nous avons perçu au loin un autre bruit difficilement descriptible dans un premier temps. Ça ne ressemblait en rien à ce qui se déplaçait autour de nous un peu plus tôt, ce qui nous a tout de même un peu soulagés. Non, c’était quelque chose d’autre. J’ai réussi à convaincre ma femme de s’éloigner un peu de la tente encore sur place afin de savoir ce que cela pouvait être. En nous concentrant un maximum, nous avons compris l’origine de cette turbulence en continu.


J’ai regardé ma femme et lui ai demandé d’un air étonné : « Il pleut ?! » Nous avons levé la tête en plaçant les paumes de nos mains vers le ciel. « Pas ici en tout cas. » M'a-t-elle répondu. En éclairant au loin avec la lampe torche, je pouvais voir très distinctement la pluie battante s’écrasant sur le sol. Je me suis retourné vers ma femme, l’air totalement perdu concernant cet événement, lorsque j’ai remarqué qu’à plusieurs mètres derrière elle se tenait un de ces types.


J’ai brusquement pris la main de ma femme afin de la coller contre moi. Je lui ai chuchoté de ne faire aucun bruit, lorsqu’elle a remarqué elle aussi sa présence. La personne a effectué un mouvement me faisant comprendre qu’elle s’était retournée face à nous. Sa tête s’est mise à vaciller dans tous les sens tout en poussant exactement les mêmes sons inintelligibles. Je pouvais voir difficilement des choses se déplacer dans les fourrés, de mouvements vifs et instantanés. Ces voix pétrifiantes confirmaient que ces personnes n'avaient rien de normal. J'agitais ma lampe torche partout dans la forêt. « Que des arbres, il n’y que des arbres ! » Répétais-je, ce qui effrayait ma femme.


Enfin, j'ai vu brièvement ces silhouettes se déplacer rapidement derrière les sapins. Contre toute attente, ces agitations se sont arrêtées d’un coup, d’un seul. Formant presque un cercle autour de ma femme et moi, ils nous regardaient silencieusement en bougeant leur tête qui semblait être désarticulée. Sans réfléchir, nous en avons profité pour courir jusqu’à notre tente que, heureusement, je n'avais pas encore démontée. Une fois à l’intérieur, nous les avons entendus marcher tout droit vers nous. Aussitôt après, ce crissement très perturbant identique à celui qu'avait entendu ma femme avant qu'elle ne me réveille s'est mis à résonner dans nos têtes, ce qui a également causé une étrange réaction sur les personnes autour de nous.


Ça frétillait de partout. Comme si ça avait déclenché quelque chose en eux. Et, d’un instant à l’autre, il n’y avait plus rien. Seul était présent cette sorte de brouillage imperceptible et insupportable, dont l’origine m’est toujours inconnue, accompagné du vent et des bruissements de la végétation.


Finalement, le grésillement désagréable s’est éloigné tandis que le son de la pluie se rapprochait, jusqu’à ce qu’il arrive juste au-dessus de la tente. À ce moment-là, ce mystérieux son indescriptible avait totalement disparu avec cette ambiance littéralement terrifiante, laissant ainsi derrière elle une atmosphère reposante et rassurante même si, au fond de nous, nous n’étions pas sereins pour autant. Calmement, toujours sur mes gardes, j'ai sorti la tête dehors, confirmant que nous étions bel et bien seuls. Tout en recevant de la pluie sur mon visage, je contemplais de nouveau le ciel en remarquant cette fois-ci des nuages et la timide lumière de la lune. Le ciel n’était plus vide. Il n’était plus noir.




Il était plus de quatre heures du matin lorsqu’on a définitivement quitté la forêt afin de se rendre à la voiture pour directement après rentrer chez nous. Nous étions toujours sous le choc durant le trajet. Ce que nous avons pu vivre, ce que nous avons pu voir, tout ça je ne pourrais pas véritablement y trouver une explication rationnelle. J’ai pas mal d’hypothèses en tête à ce sujet, mais je préfère les garder pour moi-même. Ce sont les faits qui sont primordiaux. C’est déjà assez difficile pour moi de partager cette histoire, assez incroyable je vous l’accorde, malgré le fait que je compte rester anonyme jusqu’à la fin. Et puis je ne voudrais pas paraître plus dingue que je pourrais sembler l’être dorénavant. Je suis tout de même frustré de ne pas avoir plus de preuves à vous partager, mis à part ce témoignage.

14 octobre 2016

Incontrôlable



Extrait de l'interview de l'agent de police ayant répondu à l'appel d'urgence de la famille publié sur un journal local.


« La femme était déjà en panique avant même que je n’aie le temps de lui parler. J’avais beaucoup de mal à comprendre ce qu’elle essayait de me dire. Sa voix secouée de sanglots et les pleurs derrière elle n’arrangeaient pas les choses. J’essayais tant bien que mal de la calmer en lui demandant la raison de son appel. Elle m’a informé que son mari était dans l’incapacité de contrôler la voiture. […] Elle criait à l’aide… C’était très angoissant. Tout en restant calme, je lui ai demandé sans plus attendre sur quelle route elle se trouvait, mais les cris de ses deux filles ont aussitôt interrompu la conversation. Selon ce que j’ai pu comprendre, le véhicule venait d’un seul coup de changer de route. C’est alors que j'ai entendu le père de famille rassurer leurs fillettes. […] Tout s’est passé si vite… La mère m’a ensuite fait savoir qu’ils se trouvaient désormais dans une forêt. Je distinguais la voix de son mari disant que les vitres venaient tout juste de s’ouvrir. Selon elle, les vitres, les portes ainsi que les ceintures étaient bloqués. L’appel s'est terminé rapidement quand de nombreux cris se sont mis à retentir à travers le téléphone. » 

La voiture a été retrouvée au fond du lac. Dans celle-ci se trouvaient les corps des quatre membres de la famille : le père, la mère et leurs deux enfants. Au départ, certains ont pensé que le père avait orchestré le meurtre de sa famille en même temps que son propre suicide. Cette hypothèse, cependant, s'est rapidement révélée non concluante. Tout porte à croire que rien ne s’est passé comme cela, ce qui a amené les enquêteurs à cette autre théorie.



Le véhicule était une Tesla Model S dont l’option « Autopilot » serait restée bloquée. Lorsque ce système est actif, il permet normalement de suivre de manière autonome le flot de la circulation en gérant seulement l'accélérateur et le freinage. Il peut aussi gérer la direction en maintenant la voiture dans sa voie de circulation. Cependant, dans cette situation, il semblerait que la machine ait totalement pris le contrôle de chaque commande, aussi bien électrique que mécanique. Allant du simple verrouillage des portes au blocage de l’accélérateur. D’après les analyses, la Tesla aurait aussi soudainement modifié l’itinéraire imposé en changeant dangereusement de route. Elle se serait par la suite étrangement frayé un chemin dans les bois pour finir au fond de l’eau, tout cela à une vitesse alarmante. Les vitres avaient été entrouvertes, laissant l’eau du lac pénétrer dans l'habitacle. Comme si la voiture avait consciemment anticipé les événements. Les hommes chargés de l’affaire ont dû démonter les portes toujours verrouillées et couper les ceintures toujours bloquées afin d’évacuer les corps.




L’affaire reste encore floue à ce jour mais les enquêteurs ont rapidement conclu à une simple défaillance technique. La marque américaine n’en est cependant pas à sa première victime puisque  ce même modèle avait déjà provoqué un accident mortel, le 7 mai dernier en Floride.


6 octobre 2016

Joyeux anniversaire Papa !

Aujourd’hui, c’était l’anniversaire de mon père et je lui ai fait un cadeau. Je ne suis généralement pas très douée pour ce genre de choses mais il était satisfait, même carrément heureux. C'était le principal. Je n’aime pas décevoir mon père. En réalité, j’avais vraiment peur de sa réaction. J’avais peur qu’il réagisse mal. Il peut être violent parfois, donc l’avoir vu comme ça m’a beaucoup surprise et énormément soulagée. Ça m’a demandé beaucoup de courage pour le lui donner. Mais ça valait le coup.

Cette année, j’ai fait des efforts pour cette occasion. Je ne voulais pas lui offrir quelque chose de banal comme les années précédentes. Je voulais quelque chose qui lui soit utile. Quelque chose d’exceptionnel, de merveilleux. Ça n’a pas été facile mais j’ai réussi. Et j’en suis fière. Je m’y suis tellement bien prise que ça ne pouvait être que parfait.

Ce matin, je me suis donc levée plus tôt que prévu. Il fallait que tout soit prêt avant qu'il se lève. Et je n'avais pas beaucoup de temps. J'étais à la fois stressée et excitée devant mon miroir. C'était d'ailleurs la première fois que je passais autant de temps dans une salle de bains. Cela dit, le cadeau était enfin prêt. Je suis rapidement descendue dans le salon après avoir entendu du bruit dans sa chambre. J'ai pris une grande respiration lorsqu'il a passé le seuil de la porte. Son visage inexpressif s'est aussitôt métamorphosé. Un long sourire accompagné de quelques larmes de joie, mon père était heureux.

Il a détaché le ruban rouge autour de mon cou. Ce maquillage sur mes yeux et ma bouche, cette tenue légère et provocante... Il ne pouvait plus en détacher son regard. J'ai pris sa main et l'ai posée sur ma cuisse en lui souhaitant : "Joyeux anniversaire Papa !"

Tu te sentiras moins seul désormais.

5 octobre 2016

J'ai rencontré quelqu'un sur Happn

Il y a quelques temps, je me suis inscrite sur une application de rencontre nommée Happn. Le concept me semblait intéressant alors, après avoir hésité longuement, j’ai décidé de tenter l’expérience. Au bout de quelques jours à peine, j'ai reçu ce que l’on appelle un « Charme ». Pour faire court, c’est un peu le même système qu’un « Poke » sur Facebook. C’était un garçon de mon âge qui me l’avait envoyé. Sans plus attendre, je me suis jetée sur son profil en constatant qu’il était plutôt mignon. Or, j’étais obligée de le charmer à mon tour pour entamer une conversation. Je ne vous cache pas que j’ai quelque peu hésité. En réalité, je trouvais ça débile de devoir à mon tour lui envoyer la même chose. Mais je l’ai fait quand même.

Je n’ai pas eu à attendre très longtemps pour qu’il engage une conversation. C’était simple, basique. Nous parlions, nous faisions connaissance. En parcourant davantage son profil, j’étais persuadée de l’avoir déjà rencontré quelque part. Il a rétorqué le contraire. Pourtant j’étais sûre de moi mais je n’arrivais pas à me souvenir de l'endroit où j'avais pu le rencontrer. Bref, Quentin était quelqu’un de très gentil. J’adorais son humour, sa simplicité. Pratiquement tous les jours nous nous parlions.

Un soir, alors que je rentrais d’une soirée chez des amis, dans le bus, j’ai ouvert l’application en constatant que j’étais en train de croiser ce garçon à ce moment. En effet, Happn a la particularité d’informer où et quand vous croisez une personne. Sur son profil était indiqué « croisé maintenant, à moins de 500 mètres ». Il faut savoir que ça ne peut pas être plus précis que ça. Ravie, je lui ai très vite envoyé un message avant que le bus ne parte en lui demandant où il était. malheureusement il n’a pas répondu tout de suite. Sur la route, j'ai rouvert l’application en remarquant à nouveau que le statut n’avait pas changé. J’étais toujours en train de le croiser et cela à moins de 500 mètres. Cependant, il n’y avait aucune voiture derrière nous, ni même devant et de plus, le bus avait pris une route de campagne avec rien aux alentours à part des champs et de la forêt. Je me suis dit qu'il devait se trouver avec moi dans le bus. J'observais discrètement chaque personne présente mais lui n'était pas là. J'ai renvoyé un message en attendant impatiemment une réponse. Une fois descendue au dernier arrêt, j'ai découvert sans surprise qu’il était toujours dans le coin. Deux types ainsi qu'une jeune femme étaient descendus avec moi. J'ai regardé une nouvelle fois les photos mais aucun des deux hommes ne correspondait au profil. Je suis finalement rentrée chez moi en pensant que l’application ne s’était simplement pas actualisée.

Le lendemain soir, mes parents m’avaient autorisée à inviter deux de mes amies pour ne pas rester toute seule. Sans hésiter, j’ai contacté Maëlle et Laurine, mes deux meilleures amies, pour une soirée spéciale séries. Il était déjà tard et le dernier épisode venait de se terminer lorsque Laurine a reçu un appel inconnu. Trois tentatives d’appels plus tard, elle a décidé de couper son téléphone. À peine quelques minutes après, ç'a été au tour de Maëlle. Elle n'a pas décroché au premier appel mais au second. Sans se poser de questions, elle a engagé directement la conversation. Elle a mis la main contre son portable et nous a informées qu’il s’agissait d’un homme cherchant à s’amuser avec nous. Laurine et moi lui avons demandé de raccrocher aussitôt. Chose qu’elle n’a pas faite. Prudente et quelque peu intriguée par cet événement, j’ai décidé de fermer la porte d’entrée ainsi que les volets. De toute manière, mes parents ne devaient plus tarder. J’ai d’un seul coup sursauté en entendant les éclats de rire de mes deux amies. Maëlle avait mis le haut-parleur. Certes, l’homme semblait très sympathique et surtout très marrant. Un canular qui avait échoué selon lui. Mais personne ne trouvait ça étrange à part moi, visiblement. Il n’y avait plus que moi qui me posais des questions. Cela dit, nous sommes restées tout de même pas loin d’une dizaine de minutes avec lui.

Par la suite, il a voulu que nous racontions chacune notre tour notre meilleure histoire d’horreur. Heureusement, nous en rigolions bêtement, même si au fond de moi je voulais qu’elles raccrochent. C’est alors qu’est venu son tour. Toutes les trois plongées dans le noir, il a commencé à nous raconter sa légende urbaine. C’était très bizarre. L’ambiance était, d’un seul coup, redescendue et devenue très pesante. Il nous la racontait tellement bien que c'était oppressant. Parfois, nous rions nerveusement pour nous rassurer lorsque ses paroles nous faisaient frissonner d’angoisse. Alors que nous attendions la chute, nous avons soudainement été surprises par les craquements du plancher à l’étage. Un perturbant silence a régné ensuite dans le salon pour ensuite laisser place à nos éclats de rire de moins en moins naturels. Le type ne parlait plus. A bout de nerfs et quelque peu anxieuse, j’ai pris le portable dans mes mains tout en voulant lui dire que nous allions raccrocher. Jusqu’au moment où nous avons clairement commencé à entendre l’écho de ma voix venant directement des escaliers. À travers l’obscurité, un rire des plus anormaux s'est fait immédiatement entendre aussi bien dans le téléphone qu’en bas des marches, puis, quelques mots prononcés d’un air tétanisant ont suivi : « C’est alors que la jeune femme se rendit compte qu’elle avait oublié son portable dans la salle de bains ». Complètement terrifiées, nous sommes précipitamment sorties de la maison par la baie vitrée du salon. Il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre que ce type nous avait appelées avec mon téléphone resté au premier étage.

Evidemment, la police n'a trouvé personne à l’intérieur. Je n’ai malheureusement pas pu leur décrire l’individu ni même expliquer comment il aurait pu s’introduire dans la maison. Mes amies sont finalement rentrées chez elles. Mon père m’a ensuite accompagnée à l’intérieur de la maison afin de récupérer mon portable. Il était sur la première marche des escaliers. Juste à côté se trouvait un calepin. A l’intérieur, l’individu y avait fait un folioscope. Les dessins représentaient un personnage en mouvement et se dirigeant vers une autre personne, une fille qui semblait être couchée sur son lit. Plus je faisais défiler les pages, plus le personnage de gauche se rapprochait jusqu’à ce qu’il se tienne devant le lit. La fille était alors représentée comme un ange flottant au-dessus de son lit qui, quant à lui, était maintenant rempli de sang. Toujours sous le choc et après avoir réussi à persuader mes parents, nous avons dormi chez ma tante. Ne trouvant pas le sommeil, mes amies et moi reparlions de ce que nous venions de vivre lorsque j'ai reçu un message sur Happn de la part de Quentin. Il se trouvait maintenant à plus de 5km de ma position. « Hey, comment tu vas ? » m'a-t-il demandé. J’étais toute contente d’avoir enfin un message de lui alors je lui ai répondu sans tarder en lui expliquant ce qui s’était passé ce soir-là. Nous avons papoté toute la nuit.

Le jour suivant, je suis restée à la maison avec ma mère. J’ai remarqué que Quentin se trouvait de nouveau à moins de 500 mètres d’où j’étais. Je ne vous cache pas que je commençais à trouver cette histoire de plus en plus étrange. Je l'ai bombardé de questions sans jamais avoir une seule réponse. J’étais perturbée et je ne savais pas vraiment quoi faire. Avec tout ce qui m’était arrivé, je me posais un tas de questions. J’en devenais carrément parano. C’est alors que dans la nuit j'ai enfin reçu une réponse. « Je suis là. » me disait-il. Je me suis aussitôt placée devant la fenêtre en lui demandant où il était quand une main sortie de derrière moi s'est plaquée sur ma bouche. Cette même voix sinistre que l’autre soir m'a chuchoté à l’oreille : « ici. » Je me suis retournée vers lui en étant toujours dans l’impossibilité de dire quoi que ce soit.

Ce n’était pas lui. Ce n’était pas Quentin. Accompagné d’un grand sourire, il m'a saluée d’un ton si naturel que c'en était effrayant. Il m'a conseillé de ne pas dire un mot en me montrant le couteau dans sa poche. Il s'est alors assis sur mon lit et a sorti l’arme de sa poche. Je me suis collée contre le mur en ne le quittant pas des yeux. Il a retroussé les manches de son sweat, ses bras étaient recouverts d'un nombre incalculable de cicatrices. Il a pris son couteau et s'est mutilé devant moi. L'homme a tenté de me rassurer en confirmant que ça ne faisait pas mal et m'a demandé si je voulais essayer. Il a ajouté également qu'il ne ferait aucun mal à mes parents ainsi qu’à moi-même si j'acceptais sa proposition. Je me souviens avoir jeté un rapide coup d'œil vers la porte. Il s'est levé et m'a déconseillé de faire ça. Ensuite, il s'est approché de moi en me tendant le couteau. Toute tremblante, j'ai pris son arme et cherché inconsciemment à le poignarder. Il m'a stoppée sans grande difficulté puis m'a retroussé les manches brusquement en me couvrant de nouveau la bouche. Apeurée et totalement impuissante, j'ai fermé les yeux afin de me mutiler le bras droit. Quand j'ai essayé d'arrêter, il m'a forcée à faire le contraire. Au bout d'un certain temps, je n'ai plus ressenti la douleur. J'ai même oublié qu'il était devant moi. Pourtant, je continuais. Je sentais le sang couler sur ma peau. Je me sentais fatiguée, à bout de souffle. Je ne me souviens de rien jusqu'à mon réveil à l’hôpital. Ce sont mes parents qui m’ont trouvée dans  ma chambre les bras entièrement ensanglantés.

En expliquant la situation aux policiers, l'un d'eux m'a coupé la parole en m’annonçant que Quentin, la personne à qui je croyais parler, avait été retrouvé mort il y a trois jours maintenant. Il semblait s'être suicidé non loin de chez lui. Son collègue a précisé qu'il n'y avait pas moins d'une centaine de coupures au niveau de ses bras comme sur les miens. Je me suis alors souvenue que j’avais déjà vu sa photo sur plusieurs affiches signalant sa disparition il y a quelques semaines maintenant. Depuis cette nuit, je n’ai plus jamais voulu rester toute seule chez moi ni sortir de ma chambre lorsqu’il faisait nuit. Faut dire que cette histoire m’a réellement traumatisée, mais, j’en avais marre que ma mère vienne systématiquement dans ma chambre quand je dormais. Chaque matin je retrouvais ma porte déverrouillée. Après tout, ce n’était pas pour rien si je m’enfermais à clef. Justement, ça me rassurait plus qu’autre chose. Elle s’en faisait trop pour moi mais je pouvais la comprendre. Lorsque je lui ai demandé si c’était elle, elle s'est mise à rire et à me dire : « chérie, tu vas pas me faire croire que tu ne sais pas fermer une porte à clef ? Je te rappelle qu’il y en a qu’une seule pour ta chambre, celle que tu poses sur ta table de nuit avant de dormir ! »

Aujourd’hui, je ne veux même plus retourner chez moi tant que l’homme qui a tenté de provoquer mon propre suicide n’a pas été trouvé. Je vis actuellement chez ma tante.

28 septembre 2016

Historique

Copie d'un message trouvé sur un forum de discussion. 


Avant-hier, je suis allée récupérer l’ordinateur portable que j’ai commandé sur internet, au point de rendez-vous que le type m’a indiqué. Il a pris soin d’effacer tout ce qui pouvait y avoir de personnel sur la machine : photos, vidéos, documents etc. Lorsque j’ai essayé d’installer Google Chrome, celui-ci m'a informé qu’il était déjà installé sur l’ordinateur. L’ancien propriétaire avait juste supprimé le raccourci. Aujourd’hui, dans la matinée, j'ai cherché ce même topic de discussion sur lequel je me suis incrustée. J'ai remarqué rapidement que l’historique n’avait pas été effacé. Curieuse, j’ai décidé de le parcourir, quand je suis tombée sur quelques recherches Google tournant toujours autour de cette même question :




Rassurez-vous, j’ai déjà contacté la police. J’espère qu’il n’est pas trop tard...

14 juillet 2016

Quelque chose s'est passé cette nuit-là

Il y a exactement six mois, il s'est passé quelque chose d'inexplicable. Je voulais savoir si quelque chose de similaire est déjà arrivé à vous ou à votre entourage. S'il vous plaît, j'aimerais avoir une explication ou n'importe quoi d'autre... J'ai beau avoir cherché partout je n'ai rien pu trouver alors j'ai pensé que peut-être vous pourriez m'aider... Tout a commencé par une conversation des plus banales avec mon amie, Léa. (Je m'excuse d'avance pour l'orthographe)




Elle était remontée dans sa chambre lorsqu'elle m’a appelée. Il est clair qu’elle était perturbée par cet animal. Elle ne savait clairement pas comment gérer ça. J’essayais tant bien que mal de la rassurer, mais rien à faire, elle n’arrêtait plus de me couper la parole pour me faire part de ce qui se passait de son côté. C’est alors qu’elle m'a chuchoté qu’il ne se trouvait plus derrière la porte. Ensuite, je comprenais à peine ce qu’elle essayait de me dire. Je lui criais dessus afin qu’elle parle de nouveau dans le téléphone, quand elle a soudainement hurlé que quelque chose venait de briser la baie vitrée menant à son jardin. Je l’entendais courir quand le claquement d’une porte a provoqué un court instant de calme.

Enfin, j'ai pu de nouveau entendre sa respiration. Je lui ai rapidement demandé ce qui se passait. Tout ce qu’elle a pu me dire c’est que ce « monstre » était dans la maison. C’est alors que des cris ont retenti à travers le téléphone. Je pouvais entendre les siens mais aussi ceux de cette chose qui n’avait rien d’un animal ni d’un être humain. Peut-être que tous les sons se mélangeaient, ce qui donnait quelque chose d’épouvantable mais je suis certaine que ce n’était pas un vulgaire chien. C’était impossible. C’était terrifiant. Plusieurs secondes plus tard, Léa a raccroché.

J’ai tenté à plusieurs reprises de la rappeler mais elle ne répondait pas. Au lieu de ça, je tombais directement sur sa messagerie. Environ une dizaine de minutes plus tard, j’ai reçu un dernier message sur Facebook.




Sans plus attendre, j'ai bombardé la conversation de questions en espérant avoir une explication. Mais rien. Elle ne m’a plus jamais répondu. Pourtant, je savais qu’elle voyait mes messages. Le lendemain après-midi, je suis allée chez elle. Ses parents étaient furieux à cause de la baie vitrée. Ils m'ont brièvement expliqué ce qui s'était passé. Léa leur avait fait comprendre qu'elle avait malencontreusement fait tomber l'étagère sur la baie vitrée, ce qui avait provoqué l'accident. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'ils croyaient à son histoire. Je me suis ensuite rendu dans la chambre de Léa qui n'était même pas venue m’accueillir comme elle en avait l'habitude. 

Elle était très étrange. Pour tout vous dire, j’étais même angoissée de la voir ainsi. Son attitude était carrément différente. Elle était restée assise au pied de son lit tout le temps que j'étais avec elle. Elle faisait comme si rien ne s’était passé, mais d'une manière... dérangeante, je dirais. Lorsque je la regardais, elle gardait toujours ce sourire timide qui n'avait rien de naturel. Et elle écoutait à peine ce que j'avais à lui raconter. Comme si je parlais à personne, finalement. Elle insistait fortement sur le fait que la chute de l'étagère était la source de ce que j'avais entendu. Mais elle me mentait, elle me mentait si mal que je ne pouvais plus le supporter une minute de plus.

Au fur et à mesure des mois, nous nous sommes perdues de vue. Je n’ai jamais su ce qui s’est réellement passé ce soir-là. J'ai tout de même pris des nouvelles d'elle en téléphonant à ses parents il y a quelques jours. J'ai appris qu'ils avaient vendu leur maison afin de subvenir aux soins médicaux de Léa.

Elle avait développé une sorte de cancer de l'estomac à une vitesse alarmante. Il n'est pas opérable, ce qui pose énormément de problèmes concernant une éventuelle guérison. Putain, ils ne savent même pas ce qu'ils essaient de guérir ! J'ai peur de me dire que je ne la reverrai plus jamais. Alors je vous en supplie, n'importe qui, dites-moi si cette chose que j'ai entendue au téléphone aurait pu être la cause de tout cela ? Dites-moi que Léa n'est pas la seule à avoir été victime de... Je ne sais plus quoi dire. Mais, j'ai besoin de vous.

Merci d'avance.


5 mars 2016

Conversation téléphonique

Hier soir, j’ai été invitée à l’anniversaire de ma meilleure amie. Ça a été une merveilleuse soirée, j’ai même rencontré un garçon ! C’était quelqu’un de très réservé, mais à mesure que le temps passait, et l'alcool aidant, il s'est ouvert à moi. Il était tellement mignon ! Nous nous sommes beaucoup rapprochés durant cette soirée. Au final, il m’a donné son numéro de portable. Je me souvenais de lui avoir promis que je l’appellerais le lendemain. Cette nuit, je composais donc son numéro. Assise dans mon lit, je l’entendais enfin décrocher. Quelques secondes de silence ont suivi, jusqu'à ce que je décide d’entamer la conversation.

"Euh… Allô ?
- Oui ?
- Ah, tu m’as fait peur ! J’ai cru que tu venais d’avoir une attaque ! C’est Clara ! Comment tu vas depuis hier soir ?
- Je vais très bien ma petite Clara. Et toi ? 

Il s'est ensuite mis à tousser.
- Mieux que toi visiblement ! Tu ne t’en es toujours pas remis de la soirée d'hier ou quoi ? répliquai-je en ricanant bêtement.
- Bien sûr que si, pour qui me prends-tu ?
- Pour le petit Alexandre tout timide du début de soirée tiens ! "

J'ai été assez surprise de le voir à l’aise avec moi alors que pendant l'anniversaire, avant que l’alcool ne fasse effet bien évidemment, c’était quelqu’un de très réservé. Il restait là, dans son coin, à regarder les autres s’amuser, discuter, jusqu’à que son meilleur ami débarque enfin et qu’il le dévergonde un minimum le temps d’un soir. Au bout d’un moment, je lui ai expliqué que j’avais promis de l’appeler le lendemain pour avoir de ses nouvelles car, apparemment, il ne se souvenait de rien. Ensuite, il m'a demandé de décrire la soirée.

"Bah ouais, je devais sans doute être trop plein pour me souvenir de quoi que ce soit.
- Dit comme ça, c’est compréhensible. Eh bien, je dois dire qu'on  s'est rapidement rapprochés l’un de l’autre… Haha !" lui dis-je, toute souriante, en repensant à ces moments.

Un court blanc s’est installé le temps d’une ou deux secondes. Je l’entendais respirer fort.

"- Ah oui ?" répondit-il calmement. "Qu’est-ce qu’on a fait tous les deux ? Dis-moi tout."

Je voulais jouer le jeu. Alors, j'ai pris une voix légèrement sensuelle.
"On a commencé à papoter… On a beaucoup rigolé… On faisait même plus attention aux autres… C’est alors que tu m’as donné ton numéro…
- Continue !" répliqua-t-il aussitôt d’un ton fortement curieux.
"Pendant toute la soirée, on s'est chuchoté des petites choses… Nos visages se rapprochaient lentement… Je te laisse imaginer la suite… "

Je me suis rendu compte aux tremblements de sa voix qu’il était de plus en plus agité. Je ne vous cache pas que moi aussi. Jamais je n’aurais pensé que cet appel aboutirait à de tels échanges, mais cela ne me déplaisait pas pour autant. Il m’a subitement demandé où j'habitais exactement. Étant seule chez moi, je n’ai pas tourné autour du pot pour lui révéler mon adresse.

"Tu ferais quoi si je venais ?
- Toi, tu ferais quoi si je t’autorisais à venir ?
- Plein de choses… Tellement de choses…" chuchota-t-il.
"Je veux tout savoir Alexandrounet ! "

C’est alors que la conversation a pris une toute autre tournure. Ça en devenait limite dérangeant.

"Je ne frapperai pas à ta porte, non, j’entrerai discrètement au moment où tu t’y attendras le moins. La maison sera vide de bruit. Seule une timide source de lumière provenant de la fenêtre de ta chambre m’amènera à toi. Je t’imagine déjà dans ton lit, en train de dormir sereinement.
- Euh… Tu me fais quoi là ? C’est chelou.
- La ferme ! Laisse… Laisse-moi terminer ! "
Il a pris une grande inspiration, puis a repris sans plus attendre.
"Ton visage… Oh oui… Ton doux visage… Put… Putain ! Je savourerai chaque petit morceau de ton joli corps de gamine Clara !
- Alex ? Haha, c’est… Ce n’est plus très excitant pour le coup…" dis-je tout en riant nerveusement.
"Hoho… Je t'assure que ça l’est… T’imagines même pas à quel point j’ai hâte de te… Oh mon Dieu… Je t’aime bien. Oh oui… Je t’adore déjà. On va bien s’amuser tous les deux ! "

Notre appel s'est terminé là-dessus. Lorsqu’il a raccroché, je me suis rendue compte que je m’étais trompée de numéro.